
Par Eric Baptiste
Depuis les 20 dernières années, aucune autre industrie n’a changé autant que celle de la musique, et le rythme de ces changements ne fait que s’accélérer.
En 1993, presque tout ce qui se faisait était local. L’information circulait lentement. Le transfert de l’argent était coûteux et complexe. Les entreprises utilisant de la musique tout comme les auteurs-compositeurs étaient des entités locales, ayant une capacité très limitée de comparer leur niveau de service ou d’exiger des services mondiaux.
Cette époque est révolue.
Les attentes des titulaires de licence et des membres envers la SOCAN et les autres organisations de droits d’exécution (ODE) découlent désormais de leurs propres observations et expériences dans la vie réelle des « mégatendances » ou vastes changements des circonstances ou de mode.
Quatre de ces mégatendances sont particulièrement importantes :
Vitesse. Tout est plus rapide qu’il y a quarante, trente, vingt ou même dix ans. C’est formidable aujourd’hui de pouvoir retirer de l’argent d’un guichet automatique situé sur un autre continent que le nôtre. Si le guichet que j’utilise à l’étranger n’accepte pas ma carte, je suppose qu’il y a un problème. Le système défaille! Cela va sans dire, je suis habitué aujourd’hui que l’argent soit débité de mon propre compte bancaire en quelques millisecondes, et non après des heures ou des jours.
Cette mégatendance est importante parce que les gens s’attendent de plus en plus à ce que les ODE se conforment aux mêmes standards de vitesse, d’exactitude et de fiabilité. Nous devons accélérer nos opérations tout en maintenant leur intégrité, ce qui est désormais possible grâce à la nouvelle technologie et de nouvelles normes.
Ubiquité. Pour continuer notre comparaison avec le domaine bancaire, il n’y a pas si longtemps, nous recevions nos relevés de compte une fois par mois par la poste. Aujourd’hui, nous avons accès à notre compte à chaque minute de chaque jour de presque n’importe quel endroit dans le monde. Cette mégatendance est importante parce que nos membres sont ravis lorsque nous leur offrons un accès presque en temps réel aux informations concernant leurs redevances ou les prochaines répartitions, nous leur proposons des analyses et des réponses, et nous anticipons même leurs demandes et leurs préoccupations, etc.
Efficience. Dans tous les secteurs, les processus sont allégés et les technologies permettent d’améliorer le rapport coût-efficacité des biens et des services. Par exemple, certaines lignes aériennes « à bas prix » offrent actuellement des services hors pair, alors que des sociétés plus traditionnelles sont souvent critiquées pour leur manque d’écoute face aux besoins du public voyageur. Cette mégatendance est importante parce que les ODE sont des entreprises (éthiques, la plupart du temps sans but lucratif, mais néanmoins des entreprises) et que nous devons démontrer à nos auteurs-compositeurs et éditeurs de musique que nous améliorons constamment notre façon de gérer leurs droits. Essentiellement, nous devons démontrer que nous leur offrons le maximum pour leur argent. Et nous devons y parvenir tout en sachant que les attentes des créateurs de musique sont en général différentes de celles des éditeurs. Très bien. Nous devons bien comprendre cet état de chose et servir nos deux bases constitutives en toute équité.
Comparabilité. Notre monde rétrécit. Les mêmes expériences d’utilisateur, les mêmes expériences d’achat et les mêmes normes commerciales sont de plus en plus disponibles à travers le monde. Il y a encore des différences importantes, mais la tendance est claire. Le attentes sont similaires d’un bout à l’autre du monde ou elles le seront bientôt. Mieux vaut être prêts. Cette mégatendance est importante parce que dans le passé, les ODE pouvaient fonctionner de façon très différentes à travers le monde, ce qui est de moins en moins vrai. La dimension internationale des industries culturelles n’est plus simplement « décorative » ou marginale : elle est une partie essentielle de nos affaires. La comparabilité n’appartient pas seulement aux entreprises (les éditeurs de musique) mais aussi aux personnes (les auteurs et les compositeurs). Par conséquent notre comportement et nos pratiques d’entreprise, bien que profondément enracinés dans nos sociétés et cultures civiles et locales, devront converger de plus en plus.
À un plus haut niveau, j’espère que les 150 ODE et plus autour du monde qui gèrent les droits des auteurs et des compositeurs, ainsi que ceux de leurs éditeurs, parviendront à réaliser ce qui suit :
- Relever la barre afin d’affronter les défis créés par les nouveaux joueurs mondiaux intégrés. À cette fin, les ODE s’en sont remis à l’expérience qu’elles ont accumulée, et ont amélioré leur qualité et leur transparence grâce en partie aux Règles professionnelles et résolutions obligatoires de la CISAC.
- Faire reconnaître les nouveaux modèles d’entreprise musicale, les communications et les licences de ODE étant vues comme permettant aux services numériques de s’épanouir à des niveaux générant des revenus capables de soutenir l’énergie et la démarche créatrices.
- Finalement, mettre en place les priorités d’implantation des normes et des outils. Par exemple, toutes les relations entre les ODE percevant plus de 10 millions $ par année, ainsi que les relations entre elles et leurs titulaires de licences numériques, doivent être automatisées et reposer sur un ensemble de normes et d’outils techniques convenus (ex., ISWC, ISRC, ISAN, IPI, ISNI, DDEX, IPI, CISNet, IDA, GRD…) pour gérer avec efficacité et exactitude tant les « nano distributions » que les licences multiterritoriales.
La SOCAN continuera d’être un chef de file et un défenseur passionné de ces changements.