
Par Stan Meissner
On ne peut se préparer à l’avenir sans comprendre le passé. Pensons à la règle du contenu canadien sur nos ondes, et comment elle a changé notre industrie. Je suis assez vieux pour me souvenir du temps où la majorité des enregistrements diffusés sur nos ondes étaient des reprises de succès venus d’ailleurs. Les artistes locaux devaient se produire à l’étranger pour survivre et nos ondes étaient envahies par de la musique créée par d’autres.
Avec la création du Conseil de la radio-télévision canadienne en 1968 puis du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) en 1976 et avec la Loi sur la radiodiffusion, plusieurs principes ont été établis. La loi stipule que « toutes les entreprises de radiodiffusion sont tenues de faire appel au maximum, et dans tous les cas au moins de manière prédominante, aux ressources — créatrices et autres — canadiennes pour la création et la présentation de leur programmation ». Ceci a été précisé par le système MAPL, qui définissait dès 1971 le cadre du contenu canadien : on devait diffuser un minimum de 25% de contenu canadien, ce qui fut augmenté à 35% en 1999.
Les résultats ne se sont pas fait attendre et les artistes et groupes canadiens ont commencé à avoir beaucoup de succès à partir des années 70. Dès les années 80, l’industrie musicale était en plein expansion. De nombreuses compagnies de disques et de production vidéo indépendantes, des producteurs, gérants, studios d’enregistrement et organisations sont apparus, qui pouvaient rivaliser avec leurs semblables à l’international. Ceci a créé une base solide pour des centaines d’artistes qui ont ainsi pu obtenir le succès ici et ailleurs.
La règle du contenu canadien s’appliquant aussi à la télévision, notre production télé a nourri de nombreux talents. Pensons à l’Oscar et à l’Emmy remportés cette année par Mychael Danna grâce à son talent bien sûr, mais aussi parce qu’il a pu travailler sur de solides fondations en raison de notre règlementation. Ce fut toute une année pour nos membres, et Eric Baptiste vous en dit plus sur ce sujet en page 4.
Nous espérons qu’avec l’avènement de services comme Spotify, Pandora et iTunes Radio ou de diffuseurs comme Netflix, nous aurons aussi un minimum de contenu canadien. C’est tout un défi, mais nous devons y faire face. Dans un autre modèle d’affaires, celui de la radio satellite Sirius/XM, ce service doit offrir un certain nombre de stations canadiennes comme condition de sa licence au pays. Bien que cela n’atteigne pas les pourcentages auxquels nous sommes habitués, au moins ces stations canadiennes sont disponibles dans l’ensemble du réseau et donc nous assurent une diffusion même aux États-Unis.
L’avenir sera sans doute différent et nous devrons être créatifs afin de nous servir de ce que l’histoire nous a appris au sujet de la valeur du contenu canadien pour l’économie musicale.
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